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Des témoignages de violences obstétricales sur France Culture

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510_mere_okCette semaine, deux épisodes de l’émission « Les Pieds sur Terre » de France Culture ont été consacrés à des témoignages de violence obstétricale.

Dans le premier épisode Accoucher dans la violence 1/2, Estelle détaille l’accumulation de contraintes, vexations et réprimandes qu’elle a vécues comme seul accompagnement de son accouchement. L’événement a pris une tournure encore plus violente après la naissance de son bébé lorsque la future maman a subi une révision utérine sans anesthésie, ce qui s’apparente à un acte de torture. Malgré l’opposition de l’anesthésiste tentant de s’interposer, l’obstétricien a persisté à introduire la main dans son utérus pour en racler l’intérieur, sans le moindre égard pour la souffrance infligée et sans aucune nécessité médicale. S’en est suivi une hémorragie interne et des traumatismes profonds pour cette jeune mère.

Lorsqu’Estelle demande son dossier médical, l’obstétricien devient odieux en s’accrochant au sempiternel « je vous ai sauvé la vie », puis en lui écrivant une lettre pathétique, presque risible, dans laquelle il se pose en victime de patientes ingrates. « Cela devient désespérant d’exercer cette profession lorsqu’on a le sentiment d’avoir tout mis en œuvre pour que ça se passe pour le mieux. Fort heureusement la plupart des patientes sont encore reconnaissantes ». Il s’agit d’une illustration parfaite du mécanisme de domination exercé par un médecin dans un contexte patriarcal, qui consiste à inverser les rôles : d’agresseur, il se transforme en victime, et accuse sa victime de lui faire du mal en cherchant à la culpabiliser. Cette méthode accusatoire est très efficace pour faire taire les femmes et maintenir le tabou qui pèse sur ces violences infligées dans les salles d’accouchement.

Le deuxième épisode Accoucher dans la violence 2/2 illustre d’autres situations de violence obstétricale, moins gores que la précédente, mais très intéressantes pour démontrer les mécanismes subtiles d’emprise sur le corps des femmes et de leur dépossession de ce moment fondamental de leur vie.

Ainsi, Cécile doit faire face à une obstétricienne froide, qui nie ses moindres initiatives, piétine son projet de naissance, la menace de césarienne et va jusqu’à lui imposer la façon de placer ses genoux et de respirer. L’accouchement se termine aux spatules que la professionnelle n’utilise pas selon les règles de l’art, provoquant un œdème vulvaire. S’en suivent, pour la jeune mère, des troubles s’apparentant aux syndromes de stress post-traumatique et des rapprochements de plus en plus évidents avec le viol.

Hélène souhaitait accoucher sans péridurale. Elle s’est retrouvée confinée dans un espace exigu, l’empêchant de bouger, avec pour seul soutien une sage-femme entrant dans la pièce toutes les 40 minutes en lui demandant à chaque fois : « Alors, ça va ? Toujours pas de péri ? ». La future mère a fini par craquer au moment de la phase de désespérance, et a alors accepté la péridurale. Dès cet instant, probablement en raison d’une analgésie surdosée, elle s’est sentie dépossédée de l’événement. Pour sa deuxième grossesse, elle a choisi un accompagnement global de la naissance et a vécu toute la puissance d’une naissance respectée.

En écoutant ce dernier témoignage, j’ai été interpellée par les conditions matérielles que notre société impose aux femmes qui accouchent. Pour le moindre événement heureux, que ce soit un réveillon, une fête d’anniversaire ou un dîner en amoureux, un minimum de confort et de décorum est mis en place pour magnifier l’événement, depuis les bougies jusqu’au choix méticuleux du lieu des festivités. En revanche, pour un événement aussi intense et exceptionnel dans la vie d’une femme qu’est la naissance de son enfant, personne ne voit d’inconvénient à lui imposer un espace inférieur à un mètre carré coincé entre un mur et une table médicale, dans lequel elle peut à peine bouger. Cet exemple montre à lui seul tout le mépris que les soignants et les institutions hospitalières éprouvent pour la naissance.

La diffusion de ces témoignages sur France Culture contribue à faire entendre la parole des femmes et à briser peu à peu le silence sur ce qui se passe réellement dans les maternités. Merci à la documentariste Charlotte Bienaimé pour cette très bonne initiative qui permet de conscientiser la population et faire évoluer les pratiques.

Pour réécouter l’émission, en voici les podcasts :

Accoucher dans la violence 1/2

Accoucher dans la violence 2/2

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